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En Belgique, 1,8 million de bénévoles donnent du temps, du talent et du cœur.
Dans des clubs de sport, des hôpitaux, des écoles, des associations culturelles, des mouvements de jeunesse ou d’éducation permanente, dans des initiatives citoyennes…
Vivre Ensemble veut mettre en lumière l’engagement gratuit de milliers de personnes dans les associations de lutte contre la pauvreté. La plupart d’entre elles n’existeraient tout simplement pas sans les bénévoles. Ils apportent leurs compétences techniques, intellectuelles, mais aussi leur disponibilité, du temps qui manque souvent au personnel salarié. Être là simplement parce qu’on en a envie, sans enjeu financier, ouvre à une relation différente avec les personnes aidées.
Pas besoin d’être riche pour donner…
… du temps, du talent et du cœur. Parmi les volontaires, il y a des personnes qui elles-mêmes vivent ou ont vécu des situations de pauvreté, d’isolement… Pour son dossier annuel, Vivre Ensemble est allée à la rencontre de ces volontaires qui sont souvent en même temps bénéficiaires dans les associations où ils s’engagent. Outre la découverte d’une réalité méconnue, cette étude est une invitation à la rencontre, et à revisiter des clichés sur le volontariat, sur le don et sur les personnes en situation de pauvreté.
Les volontaires jouent un rôle déterminant dans la lutte contre la pauvreté. Par le travail qu’ils accomplissent, tout d’abord : dans les écoles de devoirs, les épiceries sociales, les cours d’alphabétisation, l’accompagnement social et administratif, etc. Mais aussi parce que, par leur présence, par le temps qu’ils donnent, ils tissent du lien social et remettent de l’humain là où la pauvreté isole et enferme.
1,8 million de bénévoles, c’est aussi un signe puissant dans notre société où tout se monnaie : le signe que le temps n’est pas toujours de l’argent, qu’il peut aussi être du don, de la bienveillance, de la solidarité, de la générosité.
Volontaires, pas besoin d’être riche pour donner… du talent, du temps et du coeur
Tout travail mérite salaire, dit l’adage. Ce ne sont pas les volontaires/bénévoles qui vous diront le contraire.
Mais leur salaire ne sonne ni ne trébuche comme la monnaie. On ne le comptabilise pas dans le produit intérieur brut, il n’est pas imposé par le Ministère des Finances… De ce fait, il est peu visible, a fortiori quand il s’exerce dans les associations de lutte contre la pauvreté, dont l’action est elle-même ignorée par une grande partie de la population. Bien sûr, on connaît les grosses organisations comme les Restos du cœur ou Médecins du Monde. Mais les centaines d’associations, moyennes et petites, qui émaillent notre territoire passent souvent inaperçues.
En France, certaines associations quantifient le travail effectué par les bénévoles et l’introduisent dans leur comptabilité. Une façon de rendre visible le rayonnement de ces associations, souvent important et sans commune mesure avec les chiffres qui apparaissent dans une comptabilité classique. Il s’agit en fait d’une demande des Nations Unies datant de 2003 , pour rendre visible l’importance du travail bénévole dans la société. Une bonne idée à appliquer en Belgique ?
Le volontariat est souvent peu reconnu, dans une société où l’on confond volontiers la valeur et le prix ; où la profession (salariée) exercée est le seul sésame pour la reconnaissance sociale. Le volontariat peut être considéré comme une activité occasionnelle, un passe-temps ou un simple « coup de pouce ».
Ce « coup de pouce » est bien plus que cela : il bénéficie à presque tous les secteurs de la vie sociale et économique. Les volontaires sont 1,8 million à le donner. Dans le secteur social, ils font vivre des centaines d’associations, petites et grandes, qui tissent et réparent sans relâche « le tissu déchiré du monde » .
L’existence même du volontariat est un signe fort dans notre société : le temps n’est pas toujours de l’argent, l’égoïsme n’est pas roi, ce n’est pas partout l’appât du gain qui meut le monde.
Mettre en lumière cette réalité est la première ambition de cette étude.
La deuxième sera de nous inviter à revisiter quelques clichés.
On voit souvent le volontariat comme une aide de quelqu’un qui a à quelqu’un qui n’a pas, de quelqu’un qui va bien à quelqu’un qui ne va pas bien, de quelqu’un qui a de la chance a quelqu’un qui n’en a pas (« la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit »). C’est en partie le cas, mais c’est réducteur, nous le verrons au fil de ce document. Dans les associations, on rencontre des personnes qui, pour certaines, ont peu, ou parfois plus rien du tout, qui n’apparaissent officiellement que dans les statistiques de l’ONEM ou du CPAS. Ou des abris de nuit. Par contre, elles ont du temps, l’envie d’aider, de créer des liens, d’humaniser un peu cette société souvent si froide. Générosité, empathie, simplicité, modestie, enthousiasme sont les mots qui viennent l’esprit au sortir d’un échange avec elles. C’est certainement le cas de beaucoup de volontaires issus de milieux plus favorisés. Mais on se dit que ces personnes malmenées par la vie et surtout par les injustices de notre société auraient bien des raisons d’être plutôt dans l’aigreur et la rancœur.
Pour ces volontaires, le fait de vivre eux-mêmes des situations de pauvreté, d’isolement, de maladie ne les empêche pas, bien au contraire, de venir en aide à leur prochain et de donner de leur temps pour faire fonctionner l’association qui, dans un premier temps (ou encore maintenant) les a accueillis et soutenus. Car les situations difficiles auxquelles ils s’efforcent de remédier, l’isolement qu’ils brisent, beaucoup en ont fait ou en font encore l’expérience.
Cela nous amène à revoir deux clichés assez courants :
1. Le volontaire « dame patronnesse », aisé.e et retraité.e.
2. Le pauvre qui attend passivement devant sa télé à écran plat le versement de son allocation.
Nous sommes allés à la rencontre de volontaires actifs dans des associations en Wallonie et à Bruxelles. Des associations qui, au cœur d’un quartier, d’un village, d’une ville, retissent des liens, des solidarités, répondent aux besoins de base qu’une population appauvrie ne parvient plus à couvrir… Ils nous ont accordé une ou deux heures pour partager le pourquoi et le comment de leur engagement, ce qu’ils donnent, ce qu’ils reçoivent, ce qui est gratifiant et au contraire ce qui est difficile, en quoi leur statut de volontaire est important par rapport au personnel salarié…
On l’a dit : pour qui n’est pas (professionnellement ou bénévolement) en contact avec le monde associatif social, l’existence même et le travail de ces associations sont largement méconnus. Plus méconnu encore est l’engagement, parmi les volontaires, de nombreuses personnes elles-mêmes touchées par la précarité ou la pauvreté. Une invitation à la découverte, donc, et à revisiter des clichés sur le volontariat, sur le don, sur les personnes en situation de pauvreté.
Chaque dimanche de l’Avent, retrouvez ici une photo et petit texte à méditer