Jusqu’il y a peu, on savait que les volontaires existaient, mais on ne pouvait qu’évaluer leur nombre, faute de statistiques récentes (la dernière enquête datait de 2007).
On estimait qu’il y avait en Belgique entre 1 et 1,4 million de bénévoles. Fin 2014, un volet « bénévolat » a été ajouté à l’enquête annuelle sur les forces de travail menée par le Service Public Fédéral Économie. À l’initiative de la Fondation Roi Baudouin, une étude universitaire [1] a interprété les données recueillies lors de cette enquête menée auprès de 10000 personnes. Qu’y apprend-on ? Que plus de 1,8 million de personnes font du bénévolat (au sens large), soit près d’un Belge sur cinq, et que 1 166 000 personnes correspondent à la définition légale du volontaire. Cela représente 12,5% de la population belge âgée de plus de 15 ans. Ce pourcentage, déjà remarquable, est encore plus élevé dans d’autres études : « l’étude : Eurobarometer menée au plan européen auprès d’un échantillon de personnes aboutit en 2011 pour la Belgique à un taux de bénévolat global (dans et hors organisations) de 26% » [2]
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Le volontaire, on l’imagine souvent avec des cheveux poivre-et-sel, aisé, pétri de bonnes intentions et farci de paternalisme. La dame patronnesse de Jacques Brel, qui aurait troqué le tricot en couleur caca-d’oie [3] contre le colis alimentaire. Les chiffres issus de l’enquête de 2014-2015 nous réservent à ce sujet quelques surprises. Par exemple, les jeunes de 15 à 29 ans font proportionnellement plus de volontariat que les plus de 60 ans (12,9% contre 10,3%). Ou bien : les hommes sont aussi nombreux que les femmes dans les activités de volontariat. Ou encore : les plus actifs dans ce domaine sont les 40-49 ans (14,8%). Le volontariat, un truc de chômeurs ? Pas du tout ! Les personnes qui ont un emploi en font plus que les autres catégories de la population (à l’exception des étudiants) [4].
Évidemment, le volontariat n’est pas l’apanage du secteur de la lutte contre la pauvreté : il s’exerce
dans le milieu sportif (24,5%),
dans la culture et les associations socioculturelles (19,9%)
dans les services sociaux (19,7%)
dans l’éducation, la formation et la recherche (16,8%)
dans les associations de jeunesse (10,8%)
dans la défense des droits et intérêts (10,3%)
Cette diversité de secteurs, à laquelle on peut ajouter notamment les soins de santé et les organisations religieuses, explique en partie le caractère surprenant des chiffres ci-dessus.
Dans les pages qui suivent, quand on parlera de volontaires ou de bénévoles, il s’agira des volontaires engagés dans des associations de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
[1] Consultable ici : https://miniurl.be/r-1em3 , sur le site de la Fondation Roi Baudouin.
[2] Fondation Roi Baudouin, Le volontariat en Belgique, chiffres clés. Octobre 2015, p.24
[3] « Pour faire une bonne dame patronnesse, Mesdames, tricotez tout en couleur caca-d’oie, ce qui permet le dimanche à la grand-messe de reconnaître ses pauvres à soi » (Jacques Brel, La dame patronnesse).
[4] D’après « Le volontariat en Belgique, chiffres-clés et analyses », dans Zoom, Fondation Roi Baudouin, oct.2015.