AEDL

Accompagne et soutient les écoles de devoirs (EDD) en province de Liège.

Histoire de Voir est une Ecole de Devoirs implantée à Chênée. Elle bénéficie de locaux communaux mis à disposition par le centre culturel voisin. Dans le même bâtiment il y a la bibliothèque communale. Il suffit de traverser la rue pour aller voir un spectacle dans la grande salle du Foyer culturel. C’est facile.
Facile ?
Nous sommes un mercredi, et le mercredi nous ne faisons pas les devoirs. Aujourd’hui on va voir un spectacle. Ou un concert. Ce n’est pas très clair, même pour moi. La fabuleuse et authentique histoire du rock, des Chilly Pom Pom Pee. Nous n’accompagnons que quelques enfants, une petite dizaine, beaucoup de parents ne trouvent d’intérêt qu’aux devoirs et trouvent les animations «inutiles», même si nous les offrons aux enfants. Très rapidement le public est happé par la musique, des airs ultra connus, que chacun est invité à reprendre en chœur.
À côté de moi, un petit garçon de 8 ans, Ibrahim, écarquille les yeux, serre les poings et tout son petit corps sec et nerveux tremble. Je me demande pourquoi, ce n’est pas un spectacle qui fait peur. Et de fait, par moments, un sourire timide flotte sur ses lèvres. Mais il semble hésiter. Enfin, je comprends. C’est son tout premier spectacle. Sa petite sœur, qui lui jette des regards hésitants, comme pour lui demander si c’est ok, si elle peut se lever et taper dans les mains, crier, chanter et taper du pied comme les musiciens nous le demandent. Ils sont fascinés, effrayés, ravis, atterrés, ahuris.
Depuis, je ne regarde plus la scène quand je vais au théâtre avec des enfants.

Julie, animatrice EDD Histoire de Voir

Tout en rédigeant cette demande, j’ai été en contact avec la coordinatrice d’une Ecole de Devoirs verviétoise qui me demandait des précisions sur les conditions d’accès à une représentation Théâtre Jeune Public dans un des Centres culturels avec lesquels nous sommes partenaires. J’étais heureuse de son intérêt, elle comptait emmener 20 enfants à une représentation ce mois-ci, et tout aussi heureuse de lui annoncer que j’avais obtenu dans ce centre, les mêmes conditions favorables (me semblait-il) que chez nos autres partenaires. Cependant, elle ne paraissait pas partager mon enthousiasme à l’annonce du prix. En réponse à mes questions, elle m’a expliqué que son EDD essayait d’offrir toutes les activités aux enfants inscrits, sans jamais faire payer un supplément aux familles, celles-ci étant toutes fort démunies financièrement (particulièrement pour le moment, en cette période de COVID et d’inondations). Cependant, 5€ par enfant, cela représente une somme conséquente pour une Ecole de Devoirs. C’est pourquoi ils sont contraints de sélectionner 20 enfants parmi les 85 qui fréquentent leur EDD… La coordinatrice m’a expliqué que les animateurs et elles avaient demandé aux familles de demander des tickets article 27, puisque la grande majorité d’entre elles émargent du CPAS. Malheureusement, les parents qui ont fait la démarche ont été mal reçus par leur assistante sociale, qui s’étonnait qu’ils veuillent tout à coup bénéficier de ce service alors que ça n’avait jamais été le cas auparavant. Pour ma part, ayant travaillé dix ans en Ecole de Devoirs, je sais par expérience que la plupart des parents préfèrent ne pas demander de tickets article 27, jugeant la démarche trop humiliante. Tous les parents de l’EDD verviétoise en question sont revenus en suppliant la coordinatrice de ne plus jamais leur demander d’accomplir une telle démarche. À mon arrivée à l’AEDL, j’ai voulu mettre en place un partenariat avec la cellule Article 27 du CPAS de Liège, pour faire en sorte que les EDD puissent faire la demande des tickets sans passer par les familles, bien qu’elles bénéficient pour la grande majorité d’entre elles d’une aide du CPAS. Mais l’AEDL s’est heurté à des résistances et des difficultés telles que cela n’a pas été possible.

Sakina, Coordinatrice EDD