Dans notre analyse intitulée « Migrations et développement 1 : des situations complexes et variées », nous avions constaté qu’il n’y a pas de corrélation directe entre l’augmentation de la prospérité et la diminution des migrations. Au contraire, le processus de développement est susceptible d’accentuer et de diversifier les flux migratoires. Une fois ce constat posé, nous devons toutefois nous interroger sur ce que suppose notre fameuse question du lien entre développement et migration. Car ce parallélisme n’est pas sans danger.
2018-06_migrations_et_developpement_-_copie.pdfLa question « plus de développement = moins de migrations ? » repose sur une conception des migrations à la fois comme un problème à gérer et comme une réponse à la pauvreté ; conception qui ne tient pas compte de la complexité ni de la diversité des mouvements migratoires (internes et internationaux). Comme nous l’avons vu, il est vain d’envisager les politiques de développement comme des moyens de limiter les migrations. Puisque ce ne sont pas les plus pauvres qui migrent, il est naïf de concevoir les politiques de lutte contre la pauvreté ou de coopération comme des freins à la migration. Bien plus que la pauvreté, les inégalités entre régions du monde semblent jouer un rôle moteur. Mais il n’est pas certain que la seule résorption des inégalités (dont on est très loin) limiterait les mouvements de population, étant donné la multiplicité des facteurs entraînant ces déplacements. Cependant, au-delà de la réponse apportée, ce que notre question de départ induit, c’est la nécessité de reconfigurer complètement notre logiciel d’analyse des migrations.