Une personne derrière une table dnne à une autre des aliments divers
Distribution alimentaire à la Saint-Vincent de Paul de Lessines.
Photos Frédéric Pauwels / collectif Huma

150 ans au service des Lessinois et des Lessinoises les plus précaires 

La conférence Saint-Vincent-de-Paul de Lessines fêtera bientôt ses 150 ans. Mais le combat de ses créateurs reste d’une brûlante actualité. Dans la ville natale de Magritte, 600 personnes bénéficient de cette aide alimentaire mais aussi porteuse de lien social. 

Discrètement, l’association Vincent-de-Paul Belgium est aujourd’hui, l’acteur associatif qui, devant des institutions comme les Restos du cœur ou la Croix-Rouge, distribue le plus de colis alimentaires dans notre pays. Forte de 285 antennes en Belgique, elle assume la filiation de son inspirateur, saint Vincent de Paul (1617), et de son fondateur, Frédéric Ozanam (1833, à Paris). 

À Lessines, 2025 sera l’année du 150e anniversaire de la SVDP. Et, fort malheureusement, son succès ne se dément pas. La distribution de colis alimentaires, constitués évidemment par la banque alimentaire et les invendus de quelques supermarchés (seuls, les œufs fermiers sont achetés), concerne 270 familles soit environ 600 personnes. Particularité : si, chaque vendredi, une distribution de colis est organisée au fond de la petite impasse du centre-ville où la Saint-Vincent de Paul est installée, elle alterne entre « petites familles » et « grandes familles ». 

La SVDP lessinoise dispose aussi de trois logements d’urgence et, désormais, d’ateliers soutenus par Action Vivre Ensemble. Nathalie Bayet et Noémie Vandenbosche, en ont eu l’idée en 2020 mais le covid l’a reporté. « Notre idée », racontent-elle, « c’était de créer du lien social en offrant toute une série de choses, tant aux adultes qu’aux enfants. Nous avons besoin des colis bien sûr mais, pour nous, le lien social qui se crée ici est aussi important. C’est pourquoi nous avons eu l’idée de ces ateliers ludiques et éducatifs en 2020 mais, à l’époque, le covid a retardé les choses. Il y a beaucoup de gens seuls ou avec des enfants et qui n’ont pas les moyens de sortir : c’est une façon d’apprendre à se connaître. Nous voulons que cela soit à la fois ludique et éducatif : on propose des jeux, des formations à l’utilisation des plantes à des fins médicales, aux économies d’énergie… » 

Ici, comme ailleurs, les bénéficiaires sont les premiers bénévoles. Aujourd’hui puéricultrice, Noémie est la mascotte de l’association : « Je viens à la Saint-Vincent-de-Paul depuis que j’ai 11 ans et j’en ai 24 !  J’ai toujours été la plus jeune bénévole. Je vis avec ma maman et ma sœur qui ne touchent rien, c’est donc indispensable comme aide. Je suis puéricultrice mais je ne touche que 450 euros par mois parce que je suis en formation. Je ne parviens pas à trouver de l’emploi à cause des déplacements : il y a des places à Bruxelles mais ma voiture est trop vieille pour pouvoir entrer dans la ville et les premiers trains à quitter Lessines sont trop tard vu que les crèches ouvrent à 6 heures ! » Son aînée, Nathalie, est bénévole depuis 16 ans. « A l’époque, c’est ma maman qui y était venue après un accident de vie, voici 23 ans. J’ai subi un grave accident de la route et je n’ai plus depuis été en mesure de travailler. » 

Viviane Moukam, aussi, a trouvé une deuxième famille à l’ombre de l’hôpital Notre-Dame à la Rose : « Comme maman solo, je n’avais plus les moyens de vivre avec mes trois garçons à Bruxelles. Je souhaitais aussi qu’ils puissent grandir au calme. Je suis bénévole et je suis une formation pour devenir cheffe en cuisine de collectivité. Comme je ne connaissais personne en Belgique, cet endroit est parfait pour le lien social. Sans les colis, je ne pourrais pas finir le mois : trois grands garçons, cela coûte en nourriture, en vêtements, en sport. Quoi qu’il arrive, je viens ici, même si c’est pour faire du nettoyage ou amener mes enfants aux ateliers. »