Un groupe d’échanges pour les femmes
L’association Caravane pour la Paix et la Solidarité, créée en 2007, agit comme association socioculturelle pour dénoncer et lutter contre toutes les formes de violences envers les femmes en Belgique, dans une optique interculturelle (promotion des femmes immigrées). Elle met également quelques projets en place avec des femmes en RD Congo.
A cet effet, trois permanents, aidés de 7 volontaires, accompagnent à Namur et Jemeppe-sur-Sambre deux groupes hebdomadaires d’expression verbale et d’échanges. Ces groupes sont ouverts aux femmes de toutes origines et belges, toutes isolées socialement, victimes de violences ou précarisées.
« Anne* est restée 12 ans en Belgique, avec ses quatre enfants, sans papiers puisque son avocat avait envoyé son recours mais celui-ci n’est jamais arrivé. Son dossier a donc été rejeté; du jour au lendemain, elle a dû quitter le centre de demandeurs d’asile où elle séjournait avec ses enfants. Ils se sont retrouvés dans la nature. Elle a survécu grâce à la solidarité africaine: une copine africaine l’a prise et l’a logée pendant 2-3 ans, une autre l’a accueillie également pendant 2-3 ans, ensuite elle a habité pendant 5-6 ans ailleurs. Elle a dû se séparer de deux de ses filles qui étaient logées à un autre endroit. Là où elle a séjourné, Anne est devenue la personne à tout faire dans le logement, en échange du gîte offert. Étant en séjour illégal, elle n’avait pas de revenus, ne pouvait même pas bénéficier d’allocations familiales. Ses enfants, une fois leur cycle secondaire terminé à 18 ans, n’ont pas pu faire des études supérieures parce qu’ils étaient en séjour illégal. »
*Nom d’emprunt : en effet, les femmes que Caravane pour la paix et la solidarité accompagne acceptent de témoigner mais par pudeur ne souhaitent pas communiquer leur nom.
Les rencontres au sein des groupes d’échange permettent aux participantes, dans un espace sécurisant, d’oser s’exprimer, de se dire, de sortir de leur repli sur elles-mêmes et de reprendre confiance grâce à l’écoute et l’appui du groupe. C’est également pour elles la possibilité de faire connaitre leur propre culture et de découvrir celle de chez nous.
« Michelle* est en Belgique depuis 10 ans. Elle est arrivée avec un visa d’études puisqu’elle a réalisé un master en droit international à l’Université catholique de Louvain. Pendant ses études, elle est tombée amoureuse d’un homme originaire de son pays. Ils ont décidé de se marier, il y a cinq ans, et c’est à partir de ce moment que la misère a commencé. Leur mariage a été acté à Namur, mais malheureusement, depuis ce moment, tous les papiers ont été retirés à Michelle. C’est un jeune couple qui vit dans la misère. Michelle a des diplômes universitaires mais ne peut ni travailler ni faire quoique ce soit. À part l’aide d’urgence aux soins, Michelle n’a droit à rien.
Ces conditions de vie des personnes qui restent plusieurs années sur le territoire belge sans papiers provoquent chez elles des problèmes de santé mentale et de santé tout court. »
*Nom d’emprunt : en effet, les femmes que Caravane pour la paix et la solidarité accompagne acceptent de témoigner mais par pudeur ne souhaitent pas communiquer leur nom.
Le projet a pour but de permettre à toutes ces personnes de se rencontrer, s’exprimer, partager et faire découvrir sa culture, se détendre et créer des liens.
« Au fil des semaines, j’ai constaté de nombreux changements positifs parmi les participantes de nos groupes de paroles à plusieurs niveaux. Physiquement : elles prenaient plus soin d’elles, socialement : certaines se sont liées d’amitié et ont commencé à se voir en dehors du groupe, plusieurs ont exprimé l’envie de faire d’autres activités, à l’extérieur, avec le groupe. Au niveau de leur autonomie : quelques-unes se sont arrangées pour effectuer ensemble des démarches de recherche de formations ou d’emploi avec des membres du groupe. » (Sylvie)
« Je ne savais pas ce qu’était un musée. La visite m’a beaucoup plu. Les peintures de l’artiste m’ont vraiment touché et j’ai maintenant envie de peindre moi-même mes émotions, ma vision de la vie et du monde. » (une participante camerounaise, suite à une visite d’un musée avec le groupe)