Umoya a pour objet social de proposer un soutien et un accompagnement pluridisciplinaire aux personnes fragilisées.
Quand j’ai eu 18 ans, j’ai dû quitter le centre. Ça faisait trois ans que je vivais là. J’avais toujours pas les papiers mais on m’a quand même dit qu’il fallait sortir. Je suis venu chez vous avec ma tutrice et vous m’avez fait rencontrer quelqu’un, une dame belge qui m’a dit que si je voulais, je pouvais vivre avec elle, qu’elle vivait dans une grande maison avec beaucoup de chambres vides. Après la même dame, nous a parlé d’un internat, tenu par des sœurs, où vivent beaucoup d’enfants et d’adolescents. Elle me disait que si je voulais, je pouvais vivre là aussi, que ce serait peut être mieux que de vivre seule avec une vieille dame. Je suis dans l’internat depuis deux ans. Ça se passe bien, les gens et les sœurs sont gentils. J’ai rencontré d’autres jeunes. Même s’il y a beaucoup de monde autour de moi, je me sens très seule. Le soir, dans ma chambre, je pense encore et encore à ma famille. Ma maman me manque beaucoup, ça fait si longtemps que je ne l’ai pas vue et je ne sais pas quand je la reverrai. Il y a beaucoup de moments où je pense à elle et ça me rend très triste. Quand c’est comme ça, je préfère ne voir personne. Je ferme la porte de la chambre et je ne réponds pas au téléphone. Pourtant, vous êtes venu me chercher, au début timidement, et puis toutes les semaines, pour vous retrouver et discuter. Au début, je n’avais rien à vous dire, je trouvais étrange de se retrouver à parler de moi. Après vous m’avez dit que cela pourrait me faire du bien de parler. Je vous ai fait confiance, vous étiez gentille. alors un soir, alors que j’étais seule dans tristesse, je vous ai appelé et vous êtes venue. J’ai pu vous dire que j’étais malheureuse, j’ai pleuré beaucoup, mais je sens que cela m’a fait du bien. Maintenant, je me sens moins seule. Vous m’avez fait rencontrer d’autres jeunes comme moi, je me suis fait des amis et j’ose plus facilement dire quand je me sens triste. Ma famille me manque toujours, mais j’essaie aussi de m’entourer de gens qui comptent pour moi..
Fadima (19 ans), bénéficiaire
Partout ici on me parle d’autonomie. Déjà au centre, à l’école, ils me disaient : “Attention parce que quand tu auras 18 ans, il faudra que tu sois autonome. Il n’y aura pas toujours quelqu’un pour t’aider et te dire quoi faire…” Toutes ces personnes qui me le disent oublient que ce qu’ils appellent autonomie reste la plus grande difficulté de ma vie. J’ai traversé tant de pays, rencontré tant de difficultés…en autonomie complète. Je n’ai pas attendu que l’on me dise de faire attention. Le danger, je l’ai croisé pendant des mois et des années avant de me sentir en sécurité. Encore maintenant, je vis tous les jours avec le sentiment de devoir me mettre en sécurité, alors l’autonomie… Ils me disent quoi là ? On ne se comprend pas. Leur autonomie, c’est la vision qu’ils se donnent d’un adulte ici, mais moi cela fait longtemps qu’on ne me considère plus comme un adulte dans mon pays. Moi c’est pas l’autonomie qu’il me manque, c’est les codes. Ici, c’est papier pour ceci, papier pour cela, ça, il n’y a personne qui te l’explique.
Oumar (19 ans), bénéficiaire