Rendre visible les invisibles.
L’association comprend des femmes sans papiers qui exercent un travail domestique s’occupant notamment d’enfants et de personnes âgées, répondant ainsi à des besoins grandissants dans la métropole bruxelloise où la population vieillit et où il y a pénurie de services à la petite enfance et aux personnes dépendantes. Beaucoup de femmes travaillent 10 – 12h. par jour et le week-end, sans compter les travailleuses qui sont internes. Elles cumulent plusieurs discriminations du fait d’être femme, femme migrante et pauvre. Elles ne jouissent d’aucun droit socio-économique en termes de couverture sociale, d’accès à la protection en cas de violence et sont donc encore plus exclues de la citoyenneté. Enfin, privées de liberté de circulation, elles souffrent de l’éloignement de leurs familles et de leurs enfants qu’elles ont confiées à d’autres femmes dans leur pays d’origine.
La Ligue est une institution qui peut contribuer à l’accès légal au travail. La Ligue est forte car elle fait partie du syndicat. La Ligue m’a apportée beaucoup de connaissances sur le travail. Entre femmes nous interagissons, on se renforce entre nous et on forme une lutte collective. Le 16 juin dernier, nous avons fait grève. Ca a été un jour chargé d’émotions, l’organisation de cette grève était très bien faite. On a montré notre force et qu’on ne doit rien lâcher. La distance entre la grève et la régularisation peut être longue mais elle n’est pas plus importante que notre force pour arriver à notre objectif. Une autre activité que j’ai beaucoup aimée, c’est lorsque la Ligue a été invitée au parlement bruxellois en décembre. Ce jour-là, j’ai pu porter la voix pour toutes les personnes qui sont sans papiers, on est beaucoup de sans papiers mais c’est toujours la même histoire. Un autre moment fort a été la rencontre avec Adelle Blackett à Bruxelles, qui a élaboré la C189 de l’OIT autour du travail domestique. Adelle Blackett est une femme noire, fille de travailleuse domestique comme moi. Ce témoignage a renforcé pour moi certains aspects de la lutte, on entre dans le champ des émotions. Quand j’ai entendu Adelle Blackett parler de sa vie, j’ai pleuré car elle parlait de mon histoire et nombreuses autres travailleuses dans mon pays d’origine qui sont aussi exploitées. Adelle Blackett nous inspire pour conquérir nos droits à partir de la lutte. A chaque rencontre de la Ligue, nous en ressortons plus fortes.
Ivanete, militante de la Ligue des travailleuses domestiques
Au départ, le groupe fut constitué par des femmes philippines, mais à ce jour il s’est élargi à des femmes d’autres nationalités venant d’Amérique Latine (Colombie, Brésil, Equateur) et d’Afrique (camerounaises et marocaines) notamment.
Le but de la Ligue est de visibiliser le travail domestique invisible des femmes confinées dans des familles. Elle veut faire connaître leur situation au grand public et au monde politique. Elle demande la reconnaissance par l’obtention d’un séjour légal via le travail. Elles ont fait une action avec un slogan « Vos toilettes propres… Nos propres papiers » collés dans les toilettes du Parlement en avril dernier. En interne, le groupe veut tisser des liens de solidarité entre ces travailleuses domestiques et renforcer leur identité positive de travailleuse quant à la reconnaissance du métier de care, travail combien utile.
Elles sont appuyées dans leur action par le Ciep au niveau de leur formation et par la CSC- Comité des Sans-papiers pour leur plaidoyer plus politique.
Je suis arrivée à la ligue il y a quelques années. J’y suis arrivée timidement. Mais depuis, je n’ai pas arrêté de m’y épanouir et d’y grandir et ce dans tous les domaines, surtout dans la lutte pour revendiquer les droits des travailleuses domestiques. La ligue est un groupe de femmes courageuses avec et sans papiers qui luttent chaque jour pour faire reconnaître et surtout pour faire appliquer leurs droits. Grâce à la Ligue, nous, les travailleuses domestiques nous avons pu entrer et être entendues dans plusieurs institutions Belges. Nous avons réussi à faire signer des motions de soutien par plusieurs partis politiques…Nous avons même arrêté de travailler pendant toute une journée ( le 16 juin dernier) en faisant grève. Car la Ligue nous fait pousser à nous les travailleuses domestiques des ailes. On se sent beaucoup plus fortes à plusieurs. Rien ne pourra plus nous arrêter. Grâce à la Ligue, je me suis découverte, J’ai découvert grâce à ces femmes fortes et formidables que l’union fait vraiment la force. Toutes ensemble, on ne laissera plus jamais RIEN SE FAIRE POUR NOUS SANS NOUS. Merci la ligue et merci à toutes ces personnes qui nous accompagnent tous les jours dans tous nos combats. On y arrivera grâce à notre engagement, dans notre Ligue qui commence à bien faire du bruit et à bien grandir.
Evelyne, militante de la Ligue des travailleuses domestiques