Lazare Belgique asbl

Colocation solidaire

L’asbl Lazare Belgique a été fondée en 2017, inspirée d’un exemple français. Elle compte aujourd’hui une salariée à mi-temps et une vingtaine de volontaires.
Son objectif est de créer et d’animer des colocations solidaires entre jeunes chrétiens célibataires (25 à 35 ans) et des personnes SDF : donner à ces dernières un logement décent et les aider à se réinsérer dans la vie sociale.
Ces personnes en situation d’exclusion s’engagent, en venant à Lazare, à poursuivre leur accompagnement social (recherche d’emploi…) et disposent au minimum d’un revenu d’insertion.
Les volontaires sont des jeunes intégrés dans le monde du travail mais sans spécialisation sociale. Ils s’engagent pour un an au moins. Il n’y a pas de limite de temps pour les autres.
Les volontaires partagent un temps de prière chaque matin.
Chacun paie le même loyer (300€) et les mêmes charges locatives ou de nourriture. Chacun a une chambre et tous partagent cuisine, living, jardin ainsi que la gestion de la colocation (entretien, courses, 1 repas communautaire obligatoire par semaine). La maison est également ouverte sur l’extérieur : repas de voisinage une fois par mois, participation à Feedtruck…

Vivre au sein d’une coloc Lazare, c’est transformer son quotidien en une aventure humaine. 

Une colocation solidaire entre jeunes actifs et sans-abris, il n’a pas fallu plus d’explications pour me lancer dans l’inconnu. 

Je suis convaincu que l’engagement sociétal est une source de croissance et d’épanouissement. En tant que jeune, on a mille possibilités de s’investir pour tenter de rendre le monde aussi beau qu’on l’a reçu. Le choix est si vaste, qu’on risque de se disperser ou de ne s’investir que du bout des doigts, sans donner l’occasion à notre engagement de nous transformer en profondeur. 

Lazare c’est l’aventure dans le quotidien, dans la durée, l’amitié et la fidélité. L’extraordinaire dans le plus ordinaire: un coloc qui regagne de la confiance, de la joie; un autre coloc qui arrête l’alcool après plusieurs décennies de dépendance; deux colocs qui, après des années d’errance trouvent enfin l’amour et décident de se marier.

À travers leurs histoires de galère, nos colocs nous ouvrent les yeux sur ce qui compte vraiment dans la vie. Ils nous offrent des leçons quotidiennes de courage, d’empathie , de patience et de résilience. 

J’ai la chance d’avoir un travail valorisé par la société, où l’on compte en millions, au sommet d’une tour en verre, mais où l’on risque de perdre la valeur de l’essentiel. Quand je rentre le soir et que je partage une tisane avec mes colocs, ils m’offrent de rester ancré dans le réel, conscient de ce qui compte vraiment: la qualité des liens humains, la santé, la sobriété. 

Et puis, Lazare, ce n’est pas seulement des beaux moments partagés, c’est aussi le pari de changer le regard sur la précarité. C’est montrer qu’il est possible de transformer la pauvreté, la faiblesse et la sobriété en joie.  Pour ça, pas besoin de pierre philosophale. Uniquement de l’essentiel: un lieu chaleureux, des colocs extraordinaires, la présence bienveillante d’une famille responsable, le cadre rassurant et dynamisant de l’association et la générosité de précieux donateurs. 

François-Guillaume, colocataire

L’association dispose d’une maison pour 8 femmes au centre-ville jusqu’à fin 2019, et d’une maison pour 12 hommes à Etterbeek (6+6). Sur le même lieu, l’asbl bénéficiera, à court terme, de 2 autres maisons voisines. Une 4e maison abrite une famille responsable des colocations. L’ensemble à Etterbeek communique via les jardins.

En 2013, Thierry perd son logement. Il connaît alors la rue pour quelques mois. « Et puis j’ai temporairement dû trouver refuge à l’Armée du Salut où je suis resté plus de 5 ans bloqué ». Thierry avait déjà vécu cette situation en 1991. « J’avais été jugé parce que j’étais en conflit avec mon propriétaire. J’étais en tort, je n’avais pas répondu à un recommandé. J’ai été condamné par défaut. Le 7 janvier, à 7h30, l’huissier était là avec la police. J’ai eu 20 minutes pour quitter les lieux. J’ai eu juste le temps de prendre deux sacs pour emporter mes vêtements. » Il s’était alors réfugié chez sa mère. Fin septembre 2018, il quitte enfin l’Armée du Salut pour venir vivre à Lazare. « J’ai eu un entretien avec Caroline et Charlotte. Elles m’ont expliqué le fonctionnement de la maison, qu’il y avait un jardin où je pourrai me reposer. J’ai été reçu en toute humilité. Geoffrey, Gartien, Nicolas, Abdel, Antoine… tous étaient très proches de moi. J’ai livré un témoignage dans le salon, personne ne me connaissait. J’ai dit ce que j’avais sur le cœur, en toute sincérité. Un moment très émouvant. » Ce qui le touche le plus, c’est l’accueil, tout simple, si chaleureux.  « Lazare m’a permis de pouvoir décompresser. À l’Armée du Salut, j’étais bloqué dans une maison d’accueil avec tous les demandeurs d’asile, c’était très dur. J’habitais côté rue au 3^ème étage, il y avait un long couloir, avec trois chambres de 3 lits et une chambre de 5 lits, deux douches pour tout le monde, un urinoir et une toilette pour 18 personnes. » Ce qu’il aime dans la vie en communauté, c’est de rencontrer d’autres personnes. « J’ai eu la chance de partir en vacances 8 jours, il y avait bien longtemps que cela ne m’était arrivé ! Bruxelles, j’en avais ras la patate ! J’ai vraiment pu me ressourcer. » De Lazare, il gardera beaucoup de beaux moments en mémoire : « quand on a été aux fiançailles de Geoffrey, à Dinan. On a passé un super week-end. C’était tellement chouette ! Abdel avait amené sa chicha, Yannick, Gartien, Nicolas étaient là. Geoffrey nous a présenté toute sa famille… L’année passée, j’ai été invité à son mariage. Encore un grand moment ! » 

Thierry, colocataire (ayant connu la précarité)