Là où poussent les saxifrages
Connaissez-vous la saxifrage ? Cette plante herbacée pousse dans les fissures des murs et des rochers. Son nom scientifique : saxifraga, c’est-à-dire « casse-pierre ».
Or, des parois, des murs, il y en a beaucoup, en Europe et dans le monde. De monuments à visiter, à observer, il ne sera pas question ici, mais bien de murs de séparation, faits de pierres, de barbelés, d’idéologies aussi, d’intolérance. Nous les évoquerons en première partie de cette étude.
Quand on y est confronté, on s’interroge : puis-je les franchir, dois-je les contourner, m’en détourner ? À quoi servent-ils ? À délimiter, à enfermer, à séparer, à exclure. Ils sont la matérialisation par excellence du « tri sélectif » qui s’opère aux frontières, vis-à-vis des migrants et migrantes. Ces murs tracent les contours de logiques d’enfermement et d’exclusion dans des structures publiques, dans des cadres de pensées, dans les discours… vis-à-vis d’hommes et de femmes qui sont nés ailleurs.
À l’ombre de ces dispositifs défensifs, l’on distingue cependant de petites fleurs, des saxifrages : en réalité, des femmes et des hommes qui préfèrent la main tendue au poing fermé. Ce sera le deuxième volet de cette étude. Dans ces pages, nous avons en effet décidé d’en rendre visibles quelques-unes, pour montrer qu’elles existent et comprendre ce qui les anime à partir de trois verbes : accueillir, écouter, militer