extrait de la couverture du Juste Terre ! 198
Juste Terre !

Juste Terre ! n° 198

Brésil : la terre, c’est la vie !
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La terre c’est la vie mais parfois aussi la mort

« O agro esta com Bolsonaro. » « L’agrobusiness est avec Bolsonaro. » Reliquat de la dernière présidentielle, ce panneau publicitaire planté le long d’une autoroute de l’État de Goiás ne fait pas mystère des intentions des grands propriétaires terriens (« fazendeiros »). Ceux-là même qui se sont vendus à la mondialisation en gagnant sur la forêt primaire pour y implanter, à destination de l’Europe notamment, des élevages de bovins ou d’interminables champs épuisés (3 récoltes par an) de soja et empoisonnés à coups de pesticides interdits chez nous.

Une semaine après son intronisation, Lula, vainqueur de toute justesse, a vu la démocratie brésilienne vaciller quand les partisans de Bolsonaro ont pris d’assaut la place des Trois Pouvoirs à Brasilia. En parcourant L’État de Goiás pour aller à la rencontre des communautés partenaires d’Entraide et Fraternité, on ne peut qu’être frappé par l’espoir qu’incarne le nouveau président pour tous et toutes les sans voix du pays, les communautés indigènes, les paysans et paysannes sans terre, les descendants et descendantes d’esclaves… Les dégâts causés par des décennies d’exploitation de l’Amazonie et du Cerrado sont souvent irréversibles. Déforestation, incendies de forêts, destruction des espèces et des écosystèmes, violations des droits humains, génocide des peuples indigènes, marginalisation de la petite agriculture, pollution des sols, de l’air et de l’eau, réchauffement climatique : tous ces maux trouvent une part de leur explication dans l’expansion délirante de l’agronegocio et de l’industrie en général (barrages, usines, mines, carrières…).

La terre, c’est la vie pour ces dizaines de millions de Brésiliens et de Brésiliennes qui vivent en majorité de la petite agriculture familiale. Mais cela peut malheureusement aussi être la mort pour ces petits paysans et petites paysannes, membres de communautés discriminées, qui ont refusé de céder à la toute-puissance de l’industrie et d’aller grossir les favelas des villes. Pour toutes ces raisons, nous avons choisi, en ce Carême 2023, de soutenir leur lutte dans un combat déséquilibré. Avec vous.