Le Comité de la Samaritaine est né de la lutte pour le droit au logement. Mais, désormais, la question de l’accès à l’alimentation est aussi centrale pour les habitant·es des Marolles, au cœur de Bruxelles.
Rue de la Samaritaine. Sans remonter au passage biblique qui a donné son nom à la rue, on sait ici ce que signifie la résistance séculaire du petit peuple des Marolles. Après la fameuse « bataille de la Marolle » derrière le Palais de Justice dans les années 60, c’est cette rue du quartier populaire qui a été menacée de destruction à la fin des années 70.
Centré depuis sa création sur le droit au logement, sujet toujours épineux vu la gentrification galopante dans ce quartier précarisé, le Comité de la Samaritaine a étendu son terrain d’action à l’autre enjeu clé : l’alimentation. Toutefois, n’oubliant pas le caractère frondeur des Marolliens, la Samaritaine s’affranchit des règles humiliantes. « Ici, sourit Ingrid Payan, la coordinatrice, nous ne demandons rien aux gens. Il n’y a pas de critères pour fréquenter le restaurant social. Personne de nous ne pourrait accepter de refuser des gens parce qu’ils ne sont pas envoyés par le CPAS. Heureusement, nous avons des soutiens privés, de particuliers ou d’associations comme Action Vivre Ensemble. »
À côté de la distribution des colis du jeudi, le resto social s’appuie, trois jours par semaine, sur une vingtaine de bénévoles. Contrairement à nombre d’autres lieux de même nature, l’esprit de village l’emporte ici. En ce jour de canicule, la porte du restaurant aux nappes cirées reste ouverte toute la matinée. Les habitant·es du quartier y glissent une tête, qui pour demander le menu du jour, qui pour solliciter un café. « Cela coûte combien ? », demande ce nouveau venu. « De de 0 à 2 €, 2,5 € avec la soupe », répond Baudouin Blanckaert, chargé de l’aide alimentaire. « Jusqu’au confinement, explique-t-il, nous pouvions offrir un repas complet pour 2 € mais ce n’est plus possible. Cela dit, il n’existe qu’une petite caisse à l’entrée : les gens y mettent ce qu’ils veulent, ou rien s’ils n’ont rien. Nous servons 50, 60 repas par jour, l’excédent est distribué en formule à emporter en fin de service. On n’a pas du tout le même public pour le resto ou pour les colis : d’un côté, plutôt des personnes isolées ou sans abri, de l’autre des familles. »
Baudouin Blanckaert souhaite inscrire l’aide dans la transition : « L’approvisionnement coûte cher et les producteurs locaux vivent la même précarité que notre public. C’est aberrant que les pouvoirs publics ne facilitent pas l’achat à ces producteurs. Alors, nous organisons des ateliers, sur le miel, la lactofermentation, et ça a de plus en plus de succès. »