Une personne à la caisse avec des aliments. La caissière tien un cheque EPI dans la caméra.
Fadoua Nazih accueille les clientes avec sourire et bonne humeur.
© F. Pauwels / Collectif HUMA

À Saint-Gilles, l’épicerie sociale où les clients sont acteurs de leur consommation

Moderne et accueillante, Épi Saint-Gilles fait le pari de conscientiser à petits pas ses clients et clientes à la découverte de produits bio ou issus des circuits courts en les rendant, ainsi que les travailleurs en insertion, co-acteurs de leur consommation. Et ça marche !

Épi Saint-Gilles n’est pas une épicerie sociale comme les autres. Ici, on trouve les produits les moins chers des supermarchés vendus avec une réduction de 30 à 50% selon la situation des personnes. Chaque matin, l’équipe part en vélocargo les acheter au Colruyt pour ne pas s’inscrire dans la logique des invendus et des restes. Mais, à côté, on trouve aussi nombre d’équivalents issus de producteurs bio, vendus en vrac ou acheminés en circuit court. Tous les légumes et les fruits (à l’exception des bananes, fort demandées) sont issus des circuits courts et « de meilleure qualité que ceux que l’on trouve au marché », glisse le coordinateur, Fabien Mathieu.

Une quinzaine de personnes travaillent ici en insertion. Auparavant, le public cible était le public précaire orienté par les partenaires de terrain qui financent leurs achats. Désormais, l’épicerie accueille aussi des travailleurs et travailleuses pauvres, des retraité·es, qui ne bénéficient pas de la réduction. 250 ménages y font régulièrement leurs courses. « Nous tenons à être un magasin comme les autres. Nous sommes ouverts toute la journée, toute la semaine, on accueille les gens comme dans n’importe quel magasin. C’est un enjeu de dignité. »

Et de transformation sociale : « Le système capitaliste agroindustriel entretient la précarité alimentaire. On expérimente un modèle dans le temps long », dit Fabien Mathieu. « Dans le magasin, il y a des animateurs qui, avec une approche d’éducation permanente, font en sorte que le public s’approprie l’entreprise, qu’il participe à la décision sur ce que nous vendons, soit un acteur, plutôt qu’un sujet de l’aide alimentaire. »

César Roba est un de ces animateurs. Étudiant, il a dépendu du CPAS. Aujourd’hui diplômé en gestion de l’environnement, il travaille à cette conscientisation. « Et cela passe par démontrer que des œufs bio ou fermiers peuvent être moins chers que des œufs de grande surface. Un sondage permet aux clients et clientes de choisir quelles références resteront en rayon : à l’arrivée,
sont le plus souvent plébiscités à la fois le prix le plus bas et le bio ou artisanal à prix modéré. Si beaucoup de gens n’ont pas les moyens de prendre autre chose en compte que le prix, mais de plus en plus donnent de l’importance à la santé, au bio, au circuit court. Nous donnons aux gens les outils pour faire leurs propres choix. »

# jt203