Santé mentale et personnes exilées, primo-arrivants
Depuis 11 ans, le service de santé mentale Ulysse accueille des personnes primo-arrivantes (des adultes, des familles, des adolescents) qui ont fui leur pays et qui se retrouvent en précarité de séjour. Il s’agit d’un public particulièrement fragile psychologiquement. C’est pourquoi l’association met en place des consultations psychosociales, psychothérapeutiques et psychiatriques ainsi qu’un accueil chaleureux, un cadre souple, mobile et gratuit qui tient compte de la complexité de leurs situations. Un espace communautaire est mis à la disposition des personnes pour leur permettre de sortir de l’isolement et de se créer un réseau d’entraide. Beaucoup de ces personnes ne parlent pas encore notre langue, c’est pourquoi il faut faire appel à des interprètes professionnels. Ces dernières années, la politique d’asile s’est fortement durcie. On assiste à l’accélération de la précarité : beaucoup de patients venant à Ulysse sont rapidement exclus des procédures et se retrouvent en situation irrégulière. Quasi du jour au lendemain, ils n’ont plus de logement, ils n’ont plus droit aux formations, à l’aide sociale, à l’aide médicale, ils sont contraints de déménager…. Le parcours de ces personnes est jalonné d’histoires dramatiques et de ruptures successives.
Pour permettre la continuité du suivi à Ulysse, l’association a décidé de prendre en charge les frais de déplacement et les frais d’interprétariat de ses patients pour ne pas les « lâcher » au moment où ils ont le plus besoin d’aide et maintenir le suivi.
« On doit, dans mon pays, lorsque tu es une femme, signaler quand on sort de la maison, sinon on te frappe. Je n’ai jamais vécu la tendresse, c’est ça qui me manque je crois. Lorsque je sais que je viens à Ulysse, je suis très impatiente en attendant le rendez-vous, je m’y sens bien.
Avant j’avais peur de ce que les autres allaient penser de moi. Même si je savais qu’on ne me ferait pas de mal, j’avais très, très peur… comment les gens allaient-ils m’accueillir ? Allaient-ils m’apprécier ? Avant, je ne sortais pas et je n’avais pas de temps à consacrer à des amis. Si je sortais pour mon plaisir, on me frappait. Je n’avais pas le droit de dire non, je n’avais pas le choix.
Aujourd’hui, en racontant des choses à Ulysse, je comprends que je peux m’opposer, que je peux faire des choix pour moi-même et prendre des initiatives, j’ai moins peur. Au début, j’attendais que quelqu’un me dicte ce que je devais faire. Et puis, depuis que je raconte mes problèmes à Ulysse, je dors un peu mieux et ça me fait beaucoup de bien… et puis tout le monde est le bienvenu, quel que soit son pays d’origine.
Lorsque je n’avais plus rien, car je n’avais plus de procédure, Ulysse m’a permis de poursuivre les entretiens avec ma psychologue sans que je doive m’inquiéter. Heureusement car c’était le moment où j’en avais le plus besoin. Le chemin était long pour venir mais ça me faisait beaucoup de bien ». (Madame B., reçue en consultation psychologique avec interprète)
Action Vivre Ensemble 2014 souhaite participer au financement des frais qu’occasionnent les déplacements et les frais d’interprète pour des personnes exclues du champ social. Soutenir le service Ulysse, c’est permettre aux personnes de se prendre en charge psychologiquement, de participer à des espaces collectifs et à tout ce qui peut bénéficier à la mobilisation de leurs ressources. Si leur statut de séjour les confine à une situation indigne, leur faciliter l’accès aux soins, c’est tenter de les aider à retrouver un peu de dignité.
ASBL Ulysse – Service de santé mentale
Alain Vanoeteren, directeur
52, rue de L’Ermitage
1050 Bruxelles
Tél : 02/ 533 06 70
Fax : 02 533 06 74
Courriel : ulysse.asbl@skynet.be
Site Internet : www.ulysse-ssm.be