À Liège, Cap Migrants accompagne des personnes en attente de regroupement familial, un droit essentiel garanti mais qui est souvent caricaturé.
Les œuvres d’art qui illustrent ces pages ont été réalisées par des personnes accompagnées par Cap Migrants, association liégeoise soutenue par Action Vivre Ensemble. « Nous pensons que l’art est un moyen d’expression important pour donner une voix aux gens qu’on accompagne », explique Bénédicte Maccatory, coordinatrice de Cap Migrants.
Le projet a pris naissance dans les classes de FLE (français langue étrangère) de Cap Migrants et un autre est déjà en gestation avec la maison de création Le Corridor : « L’asbl Article 27 et un artiste, Thomas Corbisier, sont venus nous trouver dans le cadre d’un appel à projets de la Communauté française, qui met des artistes en lien avec des structures d’accueil afin de travailler avec des publics éloignés du monde de la culture », raconte Sandrine Monjoie, enseignante en FLE. « Nous avons choisi d’explorer le thème du portrait. Durant trois mois, cet artiste est venu travailler 60 heures avec nos personnes apprenantes, amenant à chaque séance une nouvelle technique artistique. L’apothéose a été l’exposition de leurs œuvres et elles ont dû elles-mêmes expliquer ce qu’elles avaient réalisé. C’était donc un exercice de français mais surtout une manière pour elles de raconter une partie de leur histoire, de se présenter. Elles ont inventé un personnage plus ou moins autobiographique, leur permettant de raconter leur histoire ou… les vies auxquelles elles ont rêvé. »
L’association était au départ, dans les années 60, l’Aumônerie des étrangers de Liège, créée par des prêtres de retour de missions, puis professionnalisée pour répondre aux demandes de personnes étrangères arrivant en Belgique. « Notre ADN, c’est d’être un service social d’accompagnement de personnes migrantes, étrangères ou belges d’origine étrangère mais avec un focus particulier – le tissu liégeois étant dense, chaque association a une spécificité – sur le droit à vivre en famille, formule que nous préférons à celle, connotée, de ‘regroupement familial’. C’est un droit fondamental mais qui est souvent entravé par plein de règles qui se durcissent et se complexifient. Il y a beaucoup de fantasmes autour de cela : le regroupement familial est très encadré et son droit très limité. Notre but est d’autonomiser les gens », dit Bénédicte Maccatory. Près de 3000 personnes ont été accompagnées depuis 2015.