Dans les Marolles, à Bruxelles, l’asbl Les Capucines veut proposer des alternatives positives aux colis alimentaires pour redonner de la dignité aux personnes les plus précarisées.
« Pourquoi les personnes pauvres doivent-elles se contenter des invendus ? », demande sa directrice, Émilie Many. Le dispositif « Courses pour tous », soutenu par Action Vivre Ensemble, vient compléter l’épicerie sociale du Centre marollien de formation par le travail.
Deux jours par semaine, le mardi et le vendredi, l’épicerie sociale propose aux personnes aiguillées par une cinquantaine de services sociaux une gamme de produits variés, y compris d’entretien ou d’hygiène (via la plateforme Goods to give), à 50% du prix de vente en magasin. Le budget est fonction de la composition du ménage : 20€ puis 10€ par personne supplémentaire dans la famille. 70 familles en bénéficient chaque semaine. Les travailleurs et travailleuses sont en insertion professionnelle : à côté de cette formation, ils et elles bénéficient de cours de néerlandais ou de citoyenneté.
Un nouveau dispositif, organisé le jeudi lui, a vu le jour pour répondre à la situation de plus en plus compliquée de nombre de Bruxellois et Bruxelloises : « Courses pour tous », ou « courses parrainées solidaires », soutenu par Action Vivre Ensemble. Là, si les prix restent affichés et si les personnes qui en bénéficient ont connaissance de leur décompte à titre informatif, elles ne déboursent rien. Une trentaine de familles, prioritairement monoparentales, en bénéficient.
Émilie Many, la directrice, en explique la genèse : « Nous avons démarré ce projet en 2020 parce nous constations qu’une aide gratuite était indispensable pour le quartier et que les gens ne se retrouvaient pas dans les colis. De plus, par notre épicerie sociale, nous savions qu’être client, cliente du magasin est une expérience valorisante pour les personnes : ce sentiment de pouvoir choisir ses produits, de redonner des couleurs à son frigo plutôt que d’y mettre des produits blancs, de se demander ce qu’on a envie de manger ce soir ou demain, c’est une façon de retrouver de la dignité. Avec des colis, on ne mange pas ce qu’on a envie et c’est source de gaspillage et de conflits dans la famille. Ici, on pense budget et santé mais on veut que la dimension plaisir soit présente également. Le projet n’existe pas sans Carrefour mais les courses solidaires sont financées par les dons. Et comme, pour avoir la garantie du choix, nous avons des invendus nous aussi, nous les redistribuons à d’autres associations du quartier. Le problème, aujourd’hui, c’est qu’on n’est plus dans l’aide momentanée comme il y a quelques années : si ces gens perdent les Capucines, ils sont dans la survie. En cela, oui, la situation s’aggrave. »