Une salle de séjour pauvrement meublée. Au milieu se trouve une table avec des boissons chaudes. Deux hommes se servent des tasses.

Un toit un cœur, seul refuge pour les personnes sans abri dans le désert brabançon

Cet hiver, une nouvelle fois, le constat est terrifiant : alors que 22% de sa population est menacée de précarité, le Brabant wallon ne dispose pas d’un seul abri de nuit. Et ne compte que deux abris de jour dont Un toit un cœur (UTUC), à Louvain-la-Neuve.

C’est une incongruité, une situation unique en Wallonie voire en Belgique, une indécence même : alors que l’on a recensé 900 personnes sans-abri, dont 270 enfants, en 2023 dans le Brabant wallon (et encore sur 9 de ses 27 communes), la province est la seule à ne pas offrir une seule place en abri de nuit ! Les premiers jours de l’année, il y avait -7° à Louvain-la-Neuve.  Stéphanie Seutin, la coordinatrice sociale d’Un toit un cœur (UTUC), un abri de jour né en 2007 à l’initiative de trois kots à projets, cherche désespérément à comprendre pourquoi les choses sont aussi dramatiques dans cette province qui a l’image du coin le plus riche de Wallonie.

Comment l’expliquer ? « Sincèrement, je ne me l’explique pas », se désespère Stéphanie Seutin. « Régulièrement, nous allons voir les autorités, la province, les communes et il ne passe … rien ! Il y a une absence totale de volonté politique d’agir sur une province très étendue, de Tubize à Jodoigne. Il faudrait au moins un abri de nuit à l’ouest, un au centre et un à l’est. Tout au plus, quelques communes ont lancé le DHU (dispositif d’hébergement d’urgence) mais il s’agit d’une quinzaine de places payantes (16 €), sur dossier, avec signature d’une convention ! Chaque année, nous demandons à la commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve un cadastre des bâtiments vides et l’activation d’un plan grand froid sans jamais obtenir de réponse. Il faut un abri de nuit mais nous ne pouvons porter cela avec nos deux ETP et nos bénévoles qui, pour partie, sont des étudiants de kots à projets. »

Selon Un toit un cœur, une quinzaine de personnes dorment dans la rue dans cette commune, notamment dans les parkings de LLN. L’asbl enregistre 3500 passages annuels en ses murs, soit une vingtaine de personnes par jour : un repas à 2€, une douche ou une lessive à 1€, des croquettes pour les chiens, des consultations et dépistages médicaux, des sensibilisations aux addictions sont proposés.

UTUC a développé récemment le travail de mise au logement avec un bilan exceptionnel de 34 entrées en logement (public essentiellement) en un an. « Nous ne pouvons plus imaginer d’ouvrir la porte uniquement pour faire des jeux de société avec nos usagers ! Nous voyons des situations dramatiques. Je pense à cet homme sans abri soigné pour une pneumonie et que la clinique d’Ottignies a fait sortir en pleine nuit. Il a dormi sans couverture sur le quai de la gare et est arrivé bleu chez nous le matin. Les autorités attendent-elles de nouveaux drames ? »

# jt207