En décembre, Miteinander Teilen mène sa traditionnelle campagne d’Avent sur la question du droit au logement. Elle permet de soutenir six associations de lutte contre la pauvreté en Communauté germanophone.
En 1995, une petite poignée de bénévoles du sud de l’Ostbelgien ont lancé Wohnraum für Alle pour répondre au manque croissant de logements abordables dans la région de Saint-Vith. Trois décennies plus tard, la petit asbl est devenue une structure professionnelle reconnue comme agence immobilière sociale (AIS). Depuis sa fondation, WfA est soutenue par Miteinander Teilen. Au fil du temps, pour lutter contre l’isolement de ses « clients » un soir de Noël, WfA a également créé une association de locataires qui permet à ceux qui le souhaitent de se retrouver pour une excursion à la mer, une sortie au cinéma ou un repas ou de participer à des séances d’information (comment réduire ma facture énergétique par exemple) ou à des événements de sensibilisation (en école par exemple).
Si WfA agit comme médiateur et garant entre les locataires et les propriétaires, comme toutes les AIS, sa spécificité tient en un mot : l’accompagnement. « Notre idée de l’accompagnement repose sur une image positive de l’être humain », expliquent Inga Voss, sa directrice, et Samira Thommen, assistante sociale. « Les services sociaux publics sont dans des logiques de contrôle et de sanction. Nous partons du principe que chacun fait de son mieux et que nous pouvons aider à réparer les erreurs. Nous sommes dans une relation de confiance et cela rejaillit sur la confiance avec les propriétaires. Le locataire qui s’identifie à l’organisation parce qu’il va à la mer et fait des barbecues avec nous, se sent bien et, du coup, s’implique dans son logement, s’en occupe bien et paie son loyer sans retard. »
Dans cette région riche, la précarité est peu visibilisée. Et tous les locataires n’ont évidemment pas besoin d’un accompagnement personnalisé.
« La plupart des locataires sont autonomes et ne posent pas de problème. Nous leur rendons visite une fois par an. Mais 30% de nos locataires sont accompagnés de manière extrêmement régulière voire permanente selon leurs besoins. Au départ, nous les accompagnons sur les questions de logement mais, de fil en aiguille, on découvre d’autres problématiques. »
Roger et Roxana (deux prénoms d’emprunt), tous deux locataires depuis une vingtaine d’années, font partie de ces personnes pour qui WfA est bien plus qu’une agence immobilière. « J’étais alcoolique, j’ai tout perdu. Après avoir fait une cure, je suis venu ici où l’on m’a trouvé un beau petit appartement. Je ne pouvais rêver mieux. Rita, l’assistante sociale, vient chez moi dès que je l’appelle pour faire mon courrier administratif ou bancaire, ce n’est vraiment pas mon truc », raconte Roger.
Roxana aussi a trouvé chez Wohnraum für Alle une véritable famille : « Je me sentais vraiment seule et c’est grâce à cette association que j’ai pu reconstruire ma vie. Ici, on m’a procuré plus qu’un logement : on m’aide pour mes démarches administratives, pour faire mes courses, pour prendre contact avec l’école de mes enfants, pour une assistance psychologique aussi. Quand j’ai eu un cancer, Rita a pris les choses en mains et a appelé le médecin pour que je puisse subir rapidement une opération. »
Aujourd’hui, WfA gère 140 logements privés (des studios comme des maisons 4 chambres) confiés par des propriétaires et répartis sur 5 communes (Saint-Vith, Burg-Reuland, Butgenbach, Bullange et Amblève, soit 30.000 habitants). Des logements habités par des hommes seuls (30% des cas), des femmes seules (16%), des familles monoparentales (19%) ou des familles (27%). Des logements qui ne suffisent plus à répondre à la demande croissante. La Fondation Roi Baudouin vient d’ailleurs de lancer un projet spécifiquement dédié à la pauvreté en Communauté germanophone , estimant que la précarité va encore s’accentuer dans la région.