Un vieux couple dans une pièce qui sert de cuisine, chambre et salon en même temps.
photo par D. Servais

Le logement et sa facture énergétique,à la fois enjeu social et climatique

Comment, en Belgique, allier justice climatique et justice sociale ? Le défi n’est pas mince. Les plus pauvres sont les premières victimes du dérèglement climatique. Leur logement en premier lieu : souvenons-nous des inondations wallonnes et pensons aux passoires énergétiques que sont les logements précaires. Les deux causes s’unissent en vue des élections.

Récemment encore, dans son exhortation apostolique Laudate Deum, le pape François, dans la droite ligne de Laudato Si’, a rappelé l’imbrication des deux sujets : « clameur des pauvres » et « clameur de la Terre ». Et a insisté sur le fait que les plus précaires sont les premières victimes du dérèglement climatique, comme vient de le rappeler la campagne d’Avent d’Action Vivre Ensemble.

Dans la perspective des élections 2024, la Coalition Climat – dont est membre Entraide et Fraternité – et le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP) – dont est membre Action Vivre Ensemble – se sont rapprochés pour publier un « Pacte logement-énergie pour portefeuilles plats ». « Un rapprochement dont vos deux associations ont été les chevilles ouvrières, rappelle Christine Mahy, secrétaire générale du RWLP, puisqu’une convergence est apparue entre Nicolas Van Nuffel, de la Coalition Climat et du CNCD-11.11.11, et moi-même lors d’un de vos weekends de la transition, organisé à Wanne en 2022. Plutôt que de voir s’opposer enjeux climatique et social, nous nous sommes au contraire accordés pour avancer dans la bonne direction. C’est ainsi qu’est né ce Pacte avec l’objectif que les populations les plus vulnérables puissent accéder à un logement, mais surtout qu’elles puissent accéder à un logement qui ne soit pas énergivore. Au bénéfice de leur portefeuille, de leur santé et du climat. On ne peut pas avancer sur les questions environnementales uniquement avec celles et ceux qui ont les moyens, cela ne fera qu’accroître les inégalités. Les perdants et perdantes du mal-logement d’aujourd’hui seront deux fois perdants dans le futur. »

Une femme parle dans un microphone qu'elle tient en main.
Pour Christine Mahy, le logement doit sortir d’une logique purement marchande.

S’il est urgent de repenser l’approche même de la question de l’accès au logement, Christine Mahy parle même d’un « nouveau contrat social autour de cette question » : « Il faut que le logement ne soit plus vu uniquement dans une logique marchande. Il n’y a pas d’autre solution qu’un encadrement des loyers : que les prix augmentent alors que le portefeuille des locataires n’augmente pas, cela ne va pas. Il faut un équilibre entre ce que le propriétaire peut gagner et ce que le locataire peut payer. On va entamer un dialogue avec les propriétaires. Si les locataires ne se sentent plus liés et protégés dans un contrat social, il y a des risques de dégradation des logements : tout le monde a à y gagner. Il y a aussi des propriétaires pauvres occupants ou bailleurs qui ne voient pas comment ils et elles vont mettre leur logement aux normes. Il faut les aider. Il faut des dispositifs publics suffisants qui accompagnent de A à Z. »

Quatre élections sont organisées cette année de juin à octobre. Ce Pacte fait office de memorandum : « Je ne peux affirmer que les politiques vont nous suivre », admet la responsable politique du RWLP. Ce que je sais, c’est qu’on est dans un entonnoir. Le politique ne s’en sort ni avec le climat ni avec le logement, pas plus qu’avec les autres politiques publiques et la confiance de l’opinion. Les services sont tous débordés. Ce Pacte logement-énergie, c’est un investissement sur l’emploi, sur le développement de la Wallonie. On espère qu’il y aura enfin un plan de la pauvreté. Lorsque l’on peut aller dire au politique que les acteurs comme le CNCD et le RWLP se parlent et qu’il existe une version fédérale de ce Pacte, cela empêche que les politiques jouent sur les divisions entre tenants de l’une et l’autre cause. »

L’impact du logement sur la santé des Belges

Diagramme circulaire : 13 % en couleur foncé, le reste en couleur claire

13 % des Belges francophones ont ou ont déjà eu des problèmes de santé liés à leur logement : c’est le cas de 16% des femmes et de 19% des membres d’une famille monoparentale.

Diagramme circulaire : 35 % en couleur foncé, le reste en couleur claire

35 % des Belges francophones estiment que leur logement présente des courants d’air et/ou est mal insonorisé, 34% qu’il est mal isolé, 31% qu’il a des problèmes d’humidité, 23% qu’il est trop petit.

Diagramme circulaire : 57 % en couleur foncé, le reste en couleur claire

57 % des Belges francophones vivant dans des logements de mauvaise qualité ont déjà rencontré des problèmes de santé cardiovasculaires (34%), respiratoires (50%), des suites d’accidents domestiques (28%), de santé mentale (52%), un cancer (9%).

Diagramme circulaire : 62 % en couleur foncé, le reste en couleur claire

62 % des propriétaires se déclarent en bonne santé, contre 53% des locataires et 41% des locataires de logements sociaux.

Source : Thermomètre Logement, Solidaris, octobre 2023

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