dessin d'un portrait d'homme barbu avec lunettes et bonnet

Une crise de l’accueil ? Un déni de l’accueil !

Début mars, le gouvernement belge annonçait un « grand » accord migratoire… d’une portée limitée. Tels des saxifrages1 , des citoyens, des citoyennes et des associations continuent de s’accrocher à l’idée que la justice sociale commence par l’accueil de l’autre. Une étude d’Action Vivre Ensemble leur rend hommage.

De la même façon que les autorités continuent à traiter la pauvreté chez nous par des mesures ponctuelles plutôt que par une vision structurelle, les « crises de l’accueil » se succèdent depuis 2015 sans qu’en fait, elles… ne s’achèvent jamais. Pas plus dans un cas que dans l’autre, le monde politique ne semble désireux de s’attaquer aux causes de ces flux migratoires. « Strictement rien ne change. En 2015, rien n’était prévu pour l’accueil ; en 2023, non plus. Il n’y a aucune volonté politique, pas de vision et beaucoup de mépris. Pourquoi ne pas agir en amont, en soutenant des projets dans les pays de départ ? Chaque fois que le nombre de personnes demandeuses baisse quelque peu, on ferme des places. Quand la crise ukrainienne démarre, on trouve des places : il y a donc des moyens mais on ne les utilise pas », déplore Martinien Yapobi, fondateur de TEP (Tout est possible), à Marcinelle.

La Plateforme citoyenne BelRefugees ne veut d’ailleurs plus parler de « crise de l’accueil » mais de « déni de l’accueil » : « Cette crise humanitaire est indigne d’un pays comme la Belgique. La situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui n’est pas due à un nombre trop élevé de demandeurs et demandeuses d’asile, mais à un manque de volonté politique de trouver des solutions. Ou à la volonté politique de ne pas en trouver. »

Depuis 2017, cette plateforme a permis à des milliers de citoyens et de citoyennes de venir en aide à des milliers de personnes en situation de migration. De quoi faire tomber quelques préjugés et vivre de fabuleuses histoires humaines. Étienne Mayence, prêtre à Jemappes, a accueilli quatre Érythréens depuis cinq ans dans sa cure vide : « À la limite, vu mes horaires, ils sont plus ici chez eux que moi ! Et grâce à eux, tout est absolument impeccable ! Franchement, je ne comprends pas que d’autres dans la même situation que moi ne fassent pas la même chose. Je n’ai jamais eu l’impression de réaliser quelque chose d’exceptionnel. »

Comme lui, Martinien Yapobi a agi… en citoyen. Dès 2009, il a fondé TEP en s’appuyant sur sa propre expérience. « Venu de Côte d’Ivoire, j’ai vécu six ans dans cette situation de semi-clandestinité que connaissent les gens que nous accompagnons.

Quand on n’a pas été soi-même sans papiers, on ne peut pas comprendre. Je ne peux être indifférent. J’ai créé cette association avec mon frère et mon épouse pour proposer l’aide que j’aurais voulu recevoir en arrivant ici : un accueil adapté, des informations qui concernent ma situation et pas qui essaient de me faire rentrer dans des cases. Chez nous, ces gens sont vus et considérés comme des êtres humains, simplement. » Comme quoi… tout est possible.

couverture de l'étude 2023

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# jt199