Deux personnes construisent un mur ensemble
Maison'elle, centre d'accueil pour victimes de violences familiales à Rixensart

À la Maison’Elle, le vivre-ensemble commence au jardin

À Rixensart, la Maison’Elle accueille des femmes (et éventuellement leurs enfants) en situation d’urgence pour leur redonner du souffle et de la sérénité. Depuis le confinement, le jardin occupe une place centrale dans la vie des pensionnaires. Qui y feront bientôt du pain et des pizzas !

Anita est arrivée, voici six mois, à la Maison’Elle. Son histoire est terrible, sa résilience est énorme et force l’admiration : « J’ai tout perdu depuis que j’ai compris que le père de mes trois plus jeunes enfants violait mes deux autres filles, plus âgées. Lui est en prison pour dix ans, mes enfants sont disséminés, on se retrouve chez ma fille aînée une fois par semaine. Moi, je suis ici pour me reconstruire et trouver un logement avant un emploi. »

Depuis quelques semaines, Anita s’est investie pleinement dans le projet soutenu par Action Vivre Ensemble et développé sur place par Erwann Demannez, éducateur et ouvrier de l’asbl. Depuis le confinement, le jardin a pris une place prépondérante dans la vie de cette maison d’accueil pour femmes. La Maison’Elle y déploie un potager, un « kiosque à papotes » mais aussi un abri à poubelles en dur et un four extérieur. Jumelé à une pergola, il permettra bientôt à tout ce petit monde de cuire son propre pain et de préparer ses propres pizzas. Anita est devenue l’« adjointe » en maçonnerie d’Erwann : « Cela me permet de ne pas pleurer dans ma chambre en pensant aux raisons pour lesquelles je suis ici. J’adore ça, je regrette de ne pas en avoir fait mon métier ! Vous savez, mon mari a passé sa vie à me rabaisser, je n’étais même pas une enfant désirée. Ici, j’ai enfin l’impression de faire quelque chose de bien et tout le monde est gentil. »

Le cas d’Anita n’est malheureusement pas isolé. La Maison’Elle accueille 24 personnes, en moyenne une quinzaine de femmes et leurs enfants dans des chambres individuelles ou familiales. « Mais, précise la directrice pédagogique, Laurence Bourguignon, si ces femmes sont de tous âges, de toutes origines, de toutes régions, le vivre-ensemble finit par leur donner un esprit de corps. Certaines viennent chez nous après une séparation difficile, après une expulsion, après des violences domestiques, après un séjour en institution, certaines sont des jeunes filles mises à la porte par leurs familles… »

Pour rappel, cet accueil d’urgence peut, au regard des autorités, durer neuf mois et éventuellement être prolongé d’autant par tranche de trois mois. L’objectif : rendre à ces femmes une stabilité, psychologique comme matérielle. « 85 % d’entre elles nous quittent pour aller vers un logement, social ou non, les autres retournent dans leur famille. » Créée en 1981, à Wavre, sous le nom d’Au Logis, la Maison’Elle propose de nombreuses activités, de l’hippothérapie à la self-defense en passant par le café philo et l’espace sensoriel et propose les biens de première nécessité à prix coûtant.

# jt204 # Maison’Elle